Donald Trump, la Chine et le reste du monde

Donald Trump est souvent accusé de pratiquer la diplomatie du chaos, menée à coup d’invectives et de provocations, orientée tous azimuts sans logique apparente.

Donald Trump lors de son premier mandat

 En réalité, si les provocations sont en effet une des caractéristiques de ses méthodes, la stratégie est beaucoup plus cohérente qu’il n’y paraît. Elle est même mûrement réfléchie et il a eu quatre ans pour la mettre au point.

 Peu satisfait de son premier mandat, et fort d’un succès électoral net, Trump est cette fois décidé à aller vite. Au président peu sûr de lui, contrairement aux apparences, et sensible au prestige de conseillers qu’en réalité il n’aimait pas, a succédé un homme expérimenté et résolu à aller au bout de ses idées.

 Car il en a, en particulier une : la Chine menace l’Amérique. Peut-être militairement dans la zone indo-pacifique, en tout cas économiquement. Et il n’est pas envisageable pour lui d’être le président du déclassement économique américain au profit de la Chine.

Donald Trump aux côtés de Xi Jinping

 Les autres sujets sont secondaires et c’est pourquoi il veut les régler rapidement afin que toutes les ressources américaines soient orientées contre le rival chinois.

 Ainsi, il a rudement obligé Israël à accepter un cessez-le-feu à Gaza, afin de satisfaire l’ami saoudien qu’il convient de ménager. Mais il laisse aussi Benjamin Netanyahou nettoyer la Cisjordanie pour en chasser les Palestiniens : quelle importance ? On convaincra bien la Jordanie et l’Egypte, financièrement dépendantes de l’Amérique, d’accueillir les réfugiés. C’est tout de même risqué, car le Saoudien Mohamed ben-Salman sera embarrassé vis-à-vis de son opinion publique si les Palestiniens sont trop malmenés, et ce n’est pas le moment de se fâcher avec Riyad à qui Pékin fait les yeux doux. Mais le courant suprémaciste, qui domine le gouvernement israélien, est décidé à coloniser la Cisjordanie. Trump en a pris acte et, pour l’instant, va laisser faire les choses.

MBS en compagnie de Xi Jinping

 Au Proche-Orient, il reste le cas iranien qui n’est pas réglé. La grande puissance perse est en déclin depuis la défaite du Hezbollah et la chute de Bachar el-Assad en Syrie. Israël aimerait saisir l’occasion pour en découdre avec les mollahs, craignant que l’arme nucléaire soit un jour à leur portée. Mais Trump ne l’entend pas de cette oreille : pas question d’ouvrir un nouveau front. La stratégie anti-chinoise consiste justement à les fermer tous. Israël pourra continuer ses assassinats ciblés d’ingénieurs iraniens ou ses sabotages sur des centres de recherche nucléaire, mais pas plus. Et cette fois, Netanyahou ne pourra passer outre.

 A côté de l’Orient compliqué, la guerre en Ukraine parait plus simple selon les critères de Donald Trump. Il a envoyé ses négociateurs ouvrir le bal avec les Russes à Riyad, rappelé que les responsables de ce conflit sont peut-être à chercher ailleurs qu’en Russie et asséné que Poutine n’était pas un dictateur. Cela signifie clairement qu’il souhaite mettre un terme à ce conflit et sans doute se réconcilier avec la Russie.

 Si cela a lieu, ce sera un bouleversement géopolitique majeur. Mais les positions russo- américaines sur l’Ukraine sont encore bien éloignées.

 Dans ce contexte, les malheureux Européens, même s’ils continuent à bomber le torse, sont devenus quantité négligeable. Macron s’est couvert de ridicule à Washington en s’alignant sur la position américaine après avoir joué les matamores guerriers pendant des mois. Se renier aussi vite et à ce point-là, c’est tout de même fascinant. Les Pays baltes et le Danemark feront de la résistance, mais que pèsent ces confettis ? L’Europe n’a pas les moyens de poursuivre la guerre en Ukraine sans l’Amérique. C’est ainsi et c’est tant mieux. Elle côtoie maintenant le néant. Le discours de Munich prononcé par JD Vance l’a clairement acté et de façon magistrale. Il fera date.

JD Vance lors du discours de Munich

 Le vieux monde n’a jamais aussi bien porté son nom et regarde en coulisses les discussions américano-russes en attendant l’affrontement avec la Chine.

      Antoine de Lacoste

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