Dans le camp du mal, il y a la Syrie et la Russie. Dans le camp du bien, il y a les pays occidentaux et leurs services secrets, les dollars saoudiens ou qataris et de multiples ONG volant au secours du peuple syrien persécuté par le méchant Bachar, « l’homme qui tue son propre peuple. »
Pas de chance, cette guerre soi-disant civile et qui fut en réalité le plus grand engagement djihadiste international des temps modernes, a été gagnée par les méchants qui ne voulaient pas que la Syrie devienne islamiste.
La fiction des rebelles modérées et la réalité de ce que furent Daech ou le Front al-Nosra n’a pas servi de leçon aux occidentaux. Pour des raisons allant de la stupidité au machiavélisme en passant par la lâcheté, personne ne veut reconnaître que l’erreur d’analyse fut totale. Pire, il faut entretenir la propagande anti-syrienne car nul ne sait de quoi demain sera fait : la Syrie est ruinée, les sanctions américaines l’étouffent et « la coalition » (en fait l’Amérique) occupe le tiers du pays.
Cette propagande prend de multiples formes, docilement relayée par des médias d’un conformisme accablant, mais son plus beau fleuron est l’utilisation supposée d’armes chimiques par l’armée syrienne. Elle n’a jamais fait l’objet d’un débat équilibré, le coupable étant désigné d’office.
Pourtant de sérieuses analyses ont mis en doute la doxa officielle par exemple sur les attaques de 2013 dans la Ghoutta et à Douma. Richard Lloyd, ancien inspecteur à l’ONU et Théodore Postol, professeur au MIT ont publié en décembre 2013 un rapport très documenté concluant que les missiles chimiques n’avaient pas pu être tirés depuis les zones contrôlées par l’armée syrienne. Car missiles chimiques il y a eu et il faut savoir que de nombreux dépôts de l’armée syrienne ont été pillés au début de la guerre par des milices islamistes. Le New York Times a commenté ce rapport dans son édition du 28 décembre 2013, le rejetant sans aucun contre-argument.
Obama lui-même était si peu convaincu qu’il renoncera à « punir » la Syrie au grand dam de François Hollande.
L’attaque à Khan Cheikhoun du 4 avril 2017 est tout aussi discutable. Trump n’y croyait pas non plus et fit semblant de bombarder une base syrienne. Il y eut bien 59 missiles Tomahawk lancés mais les Américains avaient aimablement prévenu les Russes (comme toute la presse s’en fit l’écho) et il n’y eu pas de victimes. Le secrétaire d’Etat américain James Mattis reconnaîtra ensuite qu’il n’y avait aucune preuve de l’implication de l’armée syrienne (Newsweek du 8 février 2018). Si ce n’est pas l’armée syrienne…
Une autre attaque a été imputée à l’armée syrienne par les médias occidentaux, celle du 4 avril 2018, encore à Douma. Celle-ci est encore plus caricaturale. Les vidéos montrées en boucle à l’époque laissaient voir des casques blancs transportant en courant des civils qui semblaient suffoquer, ce qui ne veut tout de même pas dire grand-chose alors que la guerre fait rage et que des immeubles s’effondrent. Il est surtout intéressant de remarquer que les combats touchaient à leur fin et l’armée syrienne fit son entrée à Douma quelques jours plus tard. Déclencher une attaque chimique au moment où la victoire est imminente est en effet hautement crédible.
Pour la petite histoire, ces casques blancs, combattants islamistes déguisés en secouristes, furent ensuite exfiltrés par les Israéliens vers la Jordanie à la demande des Américains.
Rien n’est crédible dans ces attaques qui sentent bon la manipulation, mais le tout c’est de faire semblant d’y croire. Alors, pour entretenir la flamme et raviver l’attention des médias, rien de tel qu’une petite plainte « pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre » venant d’ONG dévouées.
Mais qui sont-elles vraiment ? C’est ce que nous verrons dans un prochain article.