Le Liban « célèbre » le cinquième anniversaire de l’explosion qui a ravagé Beyrouth

Le 4 août 2020, une terrible explosion venue du port ravagea l’est de Beyrouth, en particulier le délicieux quartier chrétien d’Achrafieh. Il y eut 235 morts et des milliers de blessés. L’Etat, déliquescent, laissa les victimes et les sinistrés se débrouiller. Pendant des heures, ce furent les habitants qui portèrent les premiers secours aux blessés et les emmenèrent à l’hôpital dans leurs voitures personnelles. Ce sont eux aussi qui nettoyèrent les gravats et sécurisèrent les rues.

 Pas de pompiers, pas de policiers, pas d’armée, une fois de plus l’Etat libanais a abandonné les siens.

 L’enquête devait être rapide et exemplaire, apportant des réponses aux questions que se posaient tous les Libanais. Pourquoi 2750 tonnes de nitrate d’ammonium étaient stockées dans le port au mépris de toute sécurité ? D’où venaient-ils ? Qui gérait le silo ? Pourquoi personne, à commencer par le président Michel Aoun, n’a tenu compte des avertissements lancés ? Pourquoi et comment ce nitrate a-t-il explosé ?

 Cette dernière question agite particulièrement les Libanais. Beaucoup croient à une attaque israélienne. Cette thèse semble peu probable. Certes, le port de Beyrouth a la réputation d’être largement géré par le Hezbollah et le nitrate d’ammonium peut facilement devenir un explosif, comme la suite des évènements l’a d’ailleurs démontrée. Il aurait donc pu être tentant pour Israël de supprimer un important stock potentiel d’explosifs pouvant être utilisé par le Hezbollah. Toutefois, aucun indice matériel ne vient confirmer cette thèse davantage issue du ressentiment très profond des Libanais contre Israël. L’Etat hébreu a fait tant de mal au malheureux Liban qu’on finit par lui prêter plus que la réalité, déjà bien sombre.

 L’hypothèse d’un accident semble plus plausible selon les experts qui estiment que la présence de feux d’artifice et de méthanol à côté du nitrate d’ammonium peut expliquer le déclenchement de la première petite explosion qui a entraîné la seconde.

 Peut-être, mais il est tout de même troublant de constater que tout le monde se précipite vers la thèse accidentelle : Israël, le Hezbollah et le gouvernement libanais, pour une fois tous d’accord. De plus, qu’est-ce qui a déclenché l’explosion des feux d’artifice ? Comme pour Notre-Dame de Paris, on évoque une cigarette mal éteinte, ce qui est bien commode quand on ne veut pas chercher la vérité.

 Même en admettant cela, alors pourquoi les rapports d’expertise, les images des caméras de surveillance et les témoignages recueillis auprès des ouvriers du port sont-ils soigneusement cachés ? Et que dire des trois assassinats du colonel Skaff, du colonel Rjeily et de Lokman Slim, tous liés au dossier de différentes façons ?

Abbas Ibrahim, chef de la Sûreté générale à Beyrouth

 Le quotidien libanais l’Orient-Le Jour, évoque une autre thèse, celle du sabotage. Cela revient à se tourner à nouveau vers Israël ou un autre acteur dont on a peine à comprendre les motivations.

 Décidément, la vérité ne semble pas prête de sortir. Et les Libanais soupirent : « Le Liban reste le Liban. »

     Antoine de Lacoste

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