La Syrie sous le joug islamiste

 Le 8 décembre 2024, après une offensive éclair aussi inattendue qu’étrange, les islamistes renversèrent le président Bachar el-Assad et s’installèrent au pouvoir en Syrie.

Une affiche de l’ancien président criblée de balles

 C’était tout à fait inattendu car les islamistes avaient été vaincus, non sans mal il est vrai. Ils avaient même frôlé la victoire en 2015 et il avait fallu l’intervention de la Russie pour sauver la Syrie. Aux côtés de l’armée syrienne, courageuse ou défaillante selon les endroits et la qualité des officiers, le Hezbollah libanais, les gardiens de la révolution iraniens et de nombreuses milices chiites se battirent contre des centaines de milliers d’islamistes sunnites renforcés par le plus grand djihad international de l’histoire moderne.

Islamistes en Syrie en 2015

 Les volontaires vinrent du monde entier : Russes tchétchènes, Chinois ouïghours, Maghrébins, Belges et Français des banlieues, Indonésiens, Turkmènes, Ouzbeks, etc. Plus de 100 pays furent représentés au sein d’al-Qaïda, de l’Etat islamique ou d’autres milices sunnites.

 L’intervention russe de septembre 2015 permit de renverser la situation, en particulier grâce à son aviation. En 2017, la victoire fut enfin au rendez-vous mais l’armée syrienne était exsangue. Les meilleurs officiers alaouites (minorité musulmane à laquelle appartenait la famille Assad), chrétiens et sunnites étaient morts. Car, contrairement à la légende, de nombreux sunnites soutinrent Bachar el-Assad.

Sukhoi 34 russe lors de la campagne de Syrie en 2015

 En raison de la faiblesse des effectifs de l’armée syrienne, les Russes décidèrent alors de permettre la reddition des islamistes au fur et à mesure des reconquêtes du territoire, et leur transport vers la province d’Idleb, au nord-ouest du pays.

 Jusqu’en 2024, la Syrie s’enfonça dans la pauvreté. Les sanctions occidentales, impitoyables, ne permirent jamais à la Syrie de se redresser. La corruption du régime et l’indécision de son président ne facilitèrent pas les choses.

 L’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 précipita les évènements. Israël décida d’appliquer son projet de remodelage complet du Proche-Orient en détruisant les alliés de l’Iran. Le Hezbollah fut durement frappé. Il perdit ses capacités de protéger la Syrie tout comme les gardiens de la révolution massivement bombardés. C’est alors que l’attaque islamiste partit d’Idleb.

 Coïncidence troublante d’autant que les renforts chiites prêts à partir d’Irak et d’Iran pour aider l’armée syrienne furent prévenus par Israël qu’ils seraient détruits dès qu’ils pénétreraient en Syrie. Ils ne vinrent donc pas.

 Deuxième fait étrange, une cyberattaque massive permit de pénétrer les logiciels de l’armée syrienne. Les positions et même les noms des officiers de chaque poste furent ainsi captés et transmis au principal groupe islamiste, Hayat Tahrir al-Cham (HTC). La cartographie complète de l’armée syrienne en leur possession, les islamistes agirent en conséquence.

 De plus, et pour couronner le tout, de faux ordres de repli arrivèrent sur les portables de nombreux officiers. Ils obéirent même lorsqu’ils n’avaient qu’une poignée d’islamistes en face d’eux.

 Deviner la main d’Israël derrière tout cela relève de l’élémentaire. D’autant que l’armée israélienne profita de la confusion générale pour bombarder les structures militaires de l’armée syrienne et envahir le sud-ouest du pays le plus tranquillement du monde.

Bombardements israéliens sur les positions tenue par l’armée syrienne

 Le nouveau président-dictateur de la Syrie s’appelle Ahmed al-Charaa dit al-Joulani. Ancien d’al-Qaïda, il devint le patron de HTC et mena l’offensive victorieuse quasiment sans combats. Quand on se replonge dans les combats féroces de la guerre, tout cela est lunaire.

Ahmed al-Charaa dit al-Joulani avec Emmanuel Macron à l’Elysée

 Depuis, les Américains ont levé les sanctions et une impitoyable répression a commencé. Alaouites et chrétiens sont bien sûr en première ligne. De terribles massacres se sont produits sur la côte ouest, à proximité de Lattaquié, fief des alaouites. Menés par des milices « incontrôlées », ils firent plus de 1700 morts. Les coupables ne furent jamais arrêtés et Joulani déplora le comportement de ces tueurs affirmant qu’il s’agissait surtout de Turkmènes et de Ouïghours.

 Et le 23 juin, un kamikaze se fit sauter dans une église chrétienne de Damas faisant 20 morts.

Eglise après l’attaque terroriste

 Israël est satisfait, le verrou syrien a sauté et le chaos islamiste est en place.

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