Les fractures inédites de la société américaine

Les États-Unis n’ont jamais aussi mal porté leur nom. La société américaine est fracturée de toute part mettant en péril une unité qui avait fait sa force tout au long de sa courte histoire. Si l’on excepte la guerre de Sécession, volonté de séparation que le Nord ne pouvait tolérer car elle aurait impliqué la fin de la mystique « destinée manifeste », aucun évènement n’a jamais menacé durablement l’unité américaine. L’unanimité patriotique a servi de ciment à un pays qui a dominé le monde pendant la plus grande partie du XXe siècle.

Or l’actualité récente révèle des lézardes révélatrices de divisions inédites et très profondes.

Les revendications des minorités raciales ou sexuelles, une forme de terrorisme intellectuel qui ravage les universités, une presse tétanisée et rampante devant les injonctions haineuses des tenants d’un nouveau totalitarisme qui progresse sous couvert d’égalité, sont quelques uns des stigmates qui rongent le corps américain. En face, il y a les classes moyennes ou populaires qui n’acceptent pas de voir leur univers s’effondrer, d’autant moins que leur situation personnelle s’est grandement fragilisée.

Le responsable de cette situation explosive est tout trouvé : Donald Trump bien sûr. Ce serait lui qui , par son comportement pendant quatre ans, sa haine des minorités, son agressivité et son refus de la défaite serait le coupable du vacillement de la société américaine.

Il n’en n’est rien : le mal est plus profond et plus ancien. La mondialisation débridée, la désindustrialisation massive, le déclassement de millions d’américains qui ne peuvent même plus se loger, tout cela s’est accumulé depuis une vingtaine d’années. Le rejet d’un interventionnisme militaire très coûteux et fondé sur des mensonges éhontés a ébranlé un peu plus la confiance de l’Américain moyen en ses dirigeants. D’autant que le résultat de ces campagnes militaires généralement illégales est calamiteux.

D’autres évènements ont joué un rôle dans la montée de la colère, par exemple « le dégoût de voir l’Administration Obama sauver Wall Street et abandonner les gens simples à leurs faillites immobilières » comme le souligne le professeur Mitchell cité par le Figaro du 22 janvier. Goldman Sachs, qui avait truqué les comptes de la Grèce pour lui permettre d’entrer dans l’Europe, est en effet plus riche que jamais.

L’élection de Trump n’est pas le point de départ de la fracture américaine mais son évidente manifestation, la révolte d’un peuple qui ne comprend plus ses dirigeants et ne veut pas voir détruire les fondements religieux et familiaux de son pays.

En retour les démocrates ont choisi le pire, c’est-à-dire le refus de leur défaite. Pendant quatre ans ils ont nié la légitimité du président élu et déclenché des procédures d’impeachment qui n’avaient pas la moindre chance de réussite mais permettait d’accréditer l’idée que le président ne devrait pas l’être. Les médias ont, de leur côté, coupé ses accès à l’information.

Malgré tout cela, Trump a failli être réélu. Un improbable raz de marée de votes par correspondance l’en a empêché et ce fut l’ultime révolte de ce peuple de petits blancs qui ne veut pas disparaître. Ultime ? Peut-être pas. Les premières nominations de Biden, très orientées voire provocatrices, ne feront que convaincre le fermier du Middle-West ou l’ouvrier au chômage de Détroit que son combat était juste.

Les divisions américaines risquent de s’élargir encore.

Fresque sur un mur de l’ambassade des États-Unis à Téhéran
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